DESS Gestion et Protection de l'Environnement

De la COP 6bis à la COP 7

... sur la route de Marrakech

retourner au glossaire
retourner au dossier précédent

1. Introduction

Après l’échec de la première partie de la 6ème conférence des parties à La Haye en novembre 2000, et malgré le retrait des États-Unis du Protocole de Kyoto, les parties sont parvenues à dégager un accord politique en juillet 2001 lors de la deuxième partie de la conférence à Bonn. " L’Accord de Bonn ", qui figure dans la décision 5/CP.6, devrait notamment permettre :

L’Accord comprend deux grands blocs de compromis négociés en parallèle, sur le traitement des questions relatives aux pays en développement (compromis centré sur le financement) et sur l’intégrité environnementale du Protocole (compromis centré sur l’observance). Les travaux se sont poursuivis après le départ des ministres et des progrès importants ont été réalisés avant la fin de la conférence : plusieurs textes détaillés (notamment ceux concernant les pays en développement) ont été menés à bien, d’autres ont été nettoyés afin d’intégrer les éléments de l’Accord. Pourtant, plusieurs textes importants (mécanismes, observance et certains points concernant les puits) restent à achever, et certaines parties n’ont pas hésité à tenter de remettre en cause des éléments de l’Accord, notamment concernant la rigueur du système d’observance. Des zones d’ombre et des problèmes d’interprétation existent qui doivent être traités afin de mener à terme les négociations.

2. Assurer l’intégrité environnementale du Protocole

2.1 Un système d’observance crédible au cœur du dispositif

L’Accord prévoit un système d'observance crédible pour l'application du Protocole de Kyoto avec deux volets :

Au titre du caractère contraignant des engagements quantifiés, l’Accord prévoit l'obligation de la restauration des tonnes émises en excédent à un taux de 1,3, la mise en place d'un plan d'observance susceptible de corriger structurellement la situation et respectant les engagements de la période en cours ainsi que la suspension de l'usage du " trading ", toutes ces sanctions étant du ressort de la " branche coercitive " du système d'observance. Une procédure d'appel est prévue, pour traiter des vices de procédure.

Les Parties non Annexe I sont bien traitées dans cette Décision puisque explicitement le principe des responsabilités communes et différenciées, les protégeant, doit sous-tendre le système et qu'elles ont une majorité de sièges leur revenant dans les deux branches.

L’Accord prévoit que le système d’observance soit adopté par une décision de COP7 et par la première réunion de la COP/MOP, celle-ci en conformité avec l’article 18 du Protocole (qui prévoit l’adoption par voie d’amendement pour des conséquences légalement contraignantes).

2.2 L’encadrement des " mécanismes de Kyoto "

L’Union européenne a accepté que ne figure dans l’Accord aucune restriction quantitative sur l’usage des mécanismes de flexibilité. Ainsi le concept de supplémentarité n’est plus explicité par une formule rigide : il est rappelé que les mécanismes apportent un complément aux mesures " internes " qui elles constituent un élément important, tout cela faisant l’objet d’informations dans le cadre des communications nationales soumises à examen par la revue d’experts et l’organe d’observance (branche facilitatrice). Pourtant l’Accord instaure une " réserve de la période d’engagement ", fixée à un taux de 90%, afin de limiter le risque de survente, sous le contrôle de l’organe d’observance (branche coercitive) comme pour l’ensemble des règles d’éligibilité aux mécanismes. Ainsi est-ce l’observance qui joue le rôle essentiel dans l’encadrement des mécanismes.

L’Accord définit des règles spécifiques aux mécanismes de projet , outre qu’il demande aux Parties de s’abstenir de l’utilisation des crédits générés par les projets nucléaires :

2.3 L’acceptation de la prise en compte des puits de carbone

L’Accord fixe les modalités de base pour la prise en compte des puits de séquestration de carbone dans les pays de l’Annexe I durant la première période d’engagement, sous réserve qu’il s’agisse du résultat d’activités humaines entreprises depuis 1990. En particulier, après avoir admis la comptabilisation des effets de la gestion des terres cultivées et des pâturages et de la régénération du couvert végétal, l’Accord plafonne le recours à la gestion forestière sous l’article 3.4 du Protocole :

L’Accord limite l’éligibilité de projets de séquestration dans le MDP aux seuls projets d’afforestation et de reforestation, et prévoit le développement de définitions et de modalités à COP9. L’Accord fixe aussi un seuil maximum pour l’usage des crédits générés par des projets puits durant la première période d’engagement qui pour la Partie annexe I concernée ne doit pas dépasser 1% des émissions de l’année de référence multipliées par cinq.

Vers le début de cette page

3. Mieux intégrer les pays en développement dans le dispositif de la Convention et du Protocole

Un compromis qui tient d’abord sur sa capacité à faire progresser les questions de financement.

Les principaux points concernant l’assistance aux pays en développement dans l’Accord sont :

Les négociations de la deuxième semaine ont permis la résolution des points non-traités par l’Accord et le bouclage de tous les textes juridiques concernant les pays en développement. Seront donc transmis à Marrakech pour l’adoption une fois l’ensemble des négociations terminées, les décisions déjà rédigées concernant :

a) les décisions à caractère financier

b) les autres résultats de la négociation

en outre, le renforcement des capacités visant spécifiquement les pays à économie en transition.

4. Ce qui reste à faire – le travail de Marrakech

La septième conférence des Parties se tiendra à Marrakech du 29 octobre au 9 novembre 2001. Il incombe à la COP7 d’achever le travail de Bonn, en assurant l’adoption de textes juridiques conformes avec l’Accord de Bonn sur l’observance, les mécanismes, les puits, les questions méthodologiques, les politiques et mesures, et les pays en développement.

En revanche, la COP7 constituera aussi le point de départ des prochaines étapes de travail, notamment le processus de ratification qui mènera à l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto. A cet égard la France et l’Union européenne ont fixé l’objectif de ratifier le Protocole pour le Sommet mondial sur le développement durable (Rio+10) à Johannesburg en septembre 2002.

Les défis majeurs seront :

La règle d’or pour réussir Marrakech sur tous ces points consiste d’abord à respecter strictement l’Accord Politique de Bonn. Elle impose une obligation de discipline par rapport au compromis écrit de Bonn, valable aussi pour l’Union européenne qui ne peut pas se permettre de rouvrir les questions qui ont été arbitrées par les ministres dans un sens non conforme aux positions précédentes de l’Union.

L’Union européenne doit gérer les négociations en tenant compte des positions des autres parties clef pour la réussite de la négociations, notamment la Russie, le Canada et le Japon du groupe de l’Umbrella, ainsi que les pays en développement regroupé au sein du G77, dont la convergence de position avec l’Union Européenne a été la clé permettant d’imposer l’Accord de Bonn.

retourner au dossier précédent


Vers le début de cette page